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portât de la consolation. J’y trouvai ceci  : Il les mena pleins d’espérance et leur ôta toute crainte, leurs ennemis ayant été couverts par la mer[1]. Cependant Leudaste, ayant commencé à traverser le fleuve sur un pont formé de deux bateaux attachés l’un à l’autre, celui sur lequel se trouvait Leudaste plongea dans la rivière ; s’il ne se fût sauvé en nageant, il courait risque de périr avec ses compagnons. Mais l’autre bateau, attaché à celui-là et sur lequel étaient les prisonniers enchaînés, fut, à l’aide de Dieu, élevé au-dessus. Ils furent conduits au roi toujours enchaînés, et Leudaste les accusa fortement, demandant qu’ils subissent la peine capitale ; mais le roi, après y avoir pensé, les fit délivrer de leurs liens, et les ayant seulement remis à la garde cvii [libre] de ses officiers de justice, ne leur fit aucun mal.

Le duc Bérulphe et le comte Eunome feignirent à Tours que la ville était en danger d’être prise par le roi Gontran, et afin, dirent-ils, qu’il n’arrive rien faute de précautions, il convient de mettre des gardes à la ville. Ils mirent donc, sous ce prétexte, des gardes aux portes, qui sous couleur de défendre la ville, s’assurèrent en effet de moi. Ils m’envoyèrent aussi des gens qui me conseillèrent de prendre secrètement ce qu’il y avait de meilleur dans le trésor de l’église et de m’enfuir en Auvergne, mais je n’y voulus point consentir. Le roi donc ayant mandé les évêques de son royaume, ordonna que cette affaire fût examinée avec soin. Le clerc Riculphe était souvent interrogé en secret, et comme il disait contre moi beaucoup de choses fausses, un certain Modeste, ouvrier en bois, lui

  1. Ps. 77, v. 58.