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Mais comme il serait trop long de rendre compte par ordre de ses parjures et de ses autres méfaits, venons à raconter la manière dont il voulut me supplanter par d’iniques et odieuses calomnies, et comment la vengeance divine tomba sur lui, afin que ces paroles fussent accomplies : Quiconque veut supplanter sera supplanté [Jérémie, 9, 4], et ces autres, celui qui creuse la fosse tombera dedans[1]. Après donc m’avoir fait souffrir beaucoup de choses fâcheuses, après avoir enlevé beaucoup des biens de l’Église, il s’adjoignit le prêtre Riculphe [Riculf], aussi pervers et aussi méchant que lui, et alla jusqu’à ce point de dire que j’avais accusé la reine Frédégonde, affirmant que si on mettait à la torture mon archidiacre Platon, ou Gallien mon ami, ils me convaincraient des paroles qu’on m’imputait. Alors le roi, irrité comme je l’ai dit, après l’avoir frappé des pieds et des poings, ordonna qu’il fût chargé de chaînes et renfermé dans une prison. Il disait que ces choses lui avaient été rapportées par le clerc Riculphe. Ce Riculphe, sous-diacre, léger et inconséquent comme lui, s’était concerté depuis un an sur cette affaire avec Leudaste, cherchant une occasion de m’offenser, et ayant intention, quand il y serait parvenu, de passer du côté de Leudaste. L’ayant donc trouvée il alla vers Leudaste, et après m’avoir préparé pendant quatre mois toutes sortes de tromperies et de piéges, il revint à moi, de même que Leudaste, et me pria de le recevoir en grâce. Je le fis, je l’avoue, et reçus ouvertement dans ma maison un ennemi caché. Lorsque Leudaste s’en fut allé, Riculphe se jeta à mes pieds disant : « Si tu ne me secours promptement, je suis

  1. Prov. chap. 26, v. 27.