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du nom du Seigneur ; car le père ne peut pas être ainsi s’il n’a pas de fils. Quand tu objectes qu’il a dit : mon père est plus grand que moi, sache qu’il a dit ces paroles selon l’humilité de la chair qu’il avait revêtue, afin de te faire connaître que tu n’étais pas racheté par sa puissance, mais par son humilité ; car toi, qui allègues ces paroles, mon père est plus grand que moi, tu dois te souvenir qu’il a dit ailleurs : mon père et moi nous sommes une même chose[1] ; et lorsqu’il craint la mort et qu’il recommande à Dieu son esprit, cela doit se rapporter à l’infirmité de la chair, et cela s’est fait afin que, comme on le croit vrai Dieu, on le crût aussi homme véritable. Et lui me dit : On est inférieur à celui dont on accomplit la volonté. Le fils est toujours inférieur à son père, parce qu’il fait la volonté du père, et qu’on ne voit point son père faire sa volonté. À quoi je lui répondis : Comprends que le père existe dans le fils et le fils dans le père en une même divinité, toujours égale. Car, afin que tu saches que le père fait la volonté du fils, s’il reste encore en toi quelque foi évangélique, écoute ce qu’a dit Jésus notre Dieu, lorsqu’il est venu ressusciter Lazare : Mon père, dit-il, je vous rends grâce de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je savais que vous m’exaucez toujours mais je dis ceci pour le peuple qui m’environne, afin qu’il croie que c’est vous qui n’avez envoyé[2]. Et lorsqu’il arriva au moment de sa passion, il dit : Mon père, glorifiez-

  1. Év. sel. S. Jean, chap. 10, v. 30.
  2. Év. sel. S. Jean, chap. 11, v. 41, 42.