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avait déjà d’une autre femme lxxxix deux fils xc, dont l’aîné avait été fiancé à la fille du roi Sigebert, le plus jeune à celle du roi Chilpéric. Ingonde, fille du roi Sigebert, avait été conduite en Espagne avec un grand appareil, et reçue très joyeusement par son aïeule Gonsuinthe. Mais celle-ci ne souffrit pas longtemps qu’elle demeurât dans la religion catholique, et commença, par de douces paroles, à vouloir lui persuader de se faire baptiser dans l’église arienne ; mais elle, s’y refusant avec un mâle courage, commença à dire : « Il me suffit d’avoir été lavée une fois du péché originel par un baptême salutaire, et d’avoir confessé la sainte Trinité, égale à un seul Dieu. Je déclare que j’y crois de tout mon cœur, et jamais je ne renoncerai à ma foi. » À ces paroles, Gonsuinthe, enflammée d’une colère furieuse, prit la jeune fille par les cheveux, et l’ayant jetée à terre, la foula longtemps sous ses pieds, et, couverte de sang, ordonna qu’elle fût dépouillée et plongée dans la piscine ; mais beaucoup assurent que son esprit ne s’est jamais détaché de notre foi. Leuvigild donna à son fils et à sa belle-fille une de ses cités pour y régner et y résider xci. Lorsqu’ils y furent, Ingonde commença à prêcher son mari pour le détacher des erreurs de l’hérésie et l’engager à reconnaître les vérités de la loi catholique : il s’y refusa longtemps ; cependant enfin, touché de ses prédications, il se convertit à la loi catholique, et reçut à la confirmation le nom de Jean. Leuvigild l’ayant appris commença à chercher des moyens de le perdre ; mais lui, instruit de ses desseins, se joignit au parti de l’empereur, et se lia d’amitié avec