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dans leur sagesse, beaucoup de gens ont pensé qu’il n’avait pu faire sans péché.

Nantin [Nantinus], comte d’Angoulême, mourut épuisé par cette maladie ; mais je dois rapporter ici plus en détail ce qu’il avait fait contre les prêtres et contre l’Église. Marachaire, son oncle, avait été longtemps comte de cette ville. Le temps de ses fonctions écoulé, il entra dans l’Église, fut fait clerc et ordonné évêque. Il s’occupa avec activité d’élever et d’arranger des églises et des presbytères ; mais la septième année de son sacerdoce, ses ennemis ayant glissé du poison dans une tête de poisson, il la prit sans se méfier de rien, et mourut cruellement. Mais la miséricorde divine ne souffrit pas longtemps que sa mort demeurât sans vengeance. Fronton, par le conseil duquel avait été commis ce crime, étant immédiatement arrivé à l’épiscopat, mourut dans l’année atteint par le jugement de Dieu. Après sa mort, Héraclius, prêtre à Bordeaux, autrefois envoyé de Childebert l’ancien, fut sacré évêque. Nantin demanda d’être nommé comte dans cette ville pour poursuivre la mort de son oncle ; l’ayant obtenu, il fit subir à l’évêque beaucoup d’injures, et lui disait : « Tu retiens près de toi les homicides qui ont fait mourir mon oncle ; tu reçois à ta table des prêtres complices de ce crime. » L’inimitié s’accroissant entre eux, il commença peu à peu à envahir par violence les domaines que Marachaire avait laissés à l’Église par son testament lxxxv, soutenant que ces biens ne devaient pas revenir à une église dont les clercs avaient fait périr le testateur. Ensuite après avoir mis à mort quelques laïques, il ordonna, de plus, de saisir un prêtre, et l’ayant fait lier, le perça d’un coup de