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mit ensuite des impositions plus accablantes qu’auparavant.

Les Bretons dévastèrent aussi cruellement le pays de Rennes, brûlant, pillant, emmenant les habitants captifs. Ils vinrent ravageant tout jusqu’au bourg de Saint-Aubin-le-Cormier lxxii. L’évêque Éon retiré de son exil, on l’envoya vivre à Angers ; mais on ne lui permit pas de retourner dans la cité de Vannes. Le duc Beppolène fut envoyé contre les Bretons, et ravagea par le fer et le feu le reste de la Bretagne, ce qui excita de plus en plus la fureur des peuples.

Tandis que ces choses se passaient dans les Gaules, Justin, après avoir accompli la dix-huitième année de son règne lxxiii, termina avec sa vie la folie dans laquelle il était tombé. Dès qu’il eut été enseveli, Tibère César se mit en possession de l’empire qu’il gouvernait déjà depuis long-temps[1]. Mais comme le peuple l’attendait, selon la coutume du pays, au spectacle du cirque, où on lui préparait des embûches en faveur de Justinien, neveu de Justin, il se rendit aux saints lieux, et, après y avoir fait sa prière, il appela à lui le pape de la ville[2] lxxiv, et rentra au palais avec les consuls et le préfet. Là, s’étant revêtu de la pourpre et couronné du diadème, il monta sur le trône impérial et fut reconnu empereur avec d’immenses acclamations. Les gens de la faction qui l’attendait au cirque, apprenant ce qui venait de se passer, se retirèrent pleins de honte, sans avoir pu effectuer leur projet ; car aucun ennemi ne peut rien contre l’homme

  1. En 578 ; l’empereur Justin régna treize ans et non pas dix-huit.
  2. Le patriarche de Constantinople auquel on donnait encore souvent le nom de papa.