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été, comme nous l’avons écrit ailleurs (Vie des Pères, c. XII], chasseur au service de Sigewald.

Pour revenir à notre propos, Chilpéric envoya à Tours son fils Clovis, qui, ayant rassemblé fine armée entre Tours et Angers, passa jusqu’à Saintes, et s’en empara ; mais Mummole, patrice du roi Gontran, avança jusqu’à Limoges avec une grande armée, et livra bataille à Didier [Desiderius], chef de celle du roi Chilpéric. Il perdit dans ce combat cinq mille hommes ; mais Didier en perdit vingt-quatre mille, et s’échappa avec peine par la fuite. Le patrice Mummole revint par l’Auvergne, que son armée ravagea en divers lieux, et il arriva ainsi en Bourgogne.

Ensuite Mérovée, que son père faisait garder, fut tonsuré, et, changeant son vêtement pour celui des ecclésiastiques, fut ordonné prêtre et conduit à un monastère du pays du Mans appelé Saint-Calais xxix [Anisole], pour y être instruit dans les devoirs sacerdotaux. Gontran Boson qui, comme nous l’avons dit, vivait alors dans la basilique de Saint-Martin, ayant appris cette nouvelle, envoya à Mérovée le sous-diacre Riculphe [Reinif] pour lui conseiller secrètement de se réfugier aussi à la basilique de Saint-Martin ; et comme Mérovée était en route pour Saint-Calais, Gaïlen [Gaïlenus], un de ses serviteurs, vint à sa rencontre. Ceux qui le conduisaient n’étant pas en force, Gaïlen le délivra dans la route ; et Mérovée s’étant couvert la tête et ayant revêtu des habits séculiers, se rendit à l’église de Saint-Martin. Nous célébrions la messe dans cette sainte basilique lorsque, trouvant la porte ouverte, il y entra. Après la messe, il dit que nous devions lui donner les eulogies[1] xxx.

  1. Voyez, sur les divers sens du mot Eulogie, pag. 192, la note. Il s’agit