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[V. Fortunat, V. 5] en Auvergne. Le bienheureux évêque Avitus les avait exhortés plusieurs fois à écarter le voile de la loi mosaïque, afin que, comprenant les saintes Écritures selon l’Esprit, ils pussent, d’un cœur pur, y contempler le Christ, fils du Dieu vivant, et promis par l’autorité d’un roi[1] [David] et des prophètes. Néanmoins ils conservaient dans leurs âmes, je ne dirai pas le voile dont Moïse avait caché sa face xxiv, mais un véritable mur qui les séparait de la vérité. L’évêque, ne cessant de prier pour que, convertis au Seigneur, ils déchirassent ce voile dont se couvrent à leurs yeux les Écritures xxv, un d’eux, au saint jour de Pâques, lui demanda d’être baptisé ; et lorsqu’il eut été régénéré en Dieu par le sacrement du baptême, il se joignit, vêtu de blanc, à la procession des autres catéchumènes. Comme le peuple entrait par la porte de la ville, un des Juifs, poussé du diable, versa une huile puante sur la tête de celui qui s’était converti. Le peuple, saisi d’horreur à cette action, voulut le poursuivre à coups de pierres, ce que l’évêque ne permit pas. Mais, au jour bienheureux où le Seigneur est remonté glorieux au ciel, après avoir racheté les hommes, comme l’évêque se rendait, en chantant les psaumes, de la cathédrale à la basilique, la multitude dont il était suivi se précipita sur la synagogue des Juifs, la détruisit de fond en comble, en sorte qu’elle fut rasée. Un autre jour, l’évêque envoya aux Juifs des gens qui leur dirent : « Je ne vous contrains pas par la force à confesser le fils de Dieu ; je vous prêche seulement, et fais passer dans vos cœurs le sel de la science ; car je suis le pasteur chargé de conduire les brebis du Seigneur ; et votre véritable

  1. Le roi David.