Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tâmes vers lui, répondant que ce qu’il nous demandait ne s’était pas fait dans les temps anciens, et qu’on ne pouvait en aucune manière permettre la violation de la sainte basilique ; que s’il exécutait ce qu’il avait dit, cela ne lui tournerait pas à bien non plus qu’au roi qui avait donné cet ordre, et qu’il devait redouter davantage la puissance du saint évêque, dont les mérites avaient opéré la veille la guérison d’un paralytique. Mais lui, sans aucune crainte, s’étant établi dans la maison épiscopale d’outre-Loire, disjoignit les planches de cette maison attachées avec des clous, et les gens du Mans qui étaient venus avec lui en emportèrent même les clous dans des sacs de cuir ; ils abattirent les blés et ravagèrent tout. Mais tandis que Roccolène se conduisait ainsi, frappé de Dieu, il fut attaqué de la jaunisse. Cependant il renvoya de nouveau des ordres violens, disant : « Si vous ne chassez pas aujourd’hui le duc Gontran de votre basilique, j’écraserai tellement tout ce qu’il y a de verdoyant autour de la ville, que la terre pourra être labourée par-dessus. » Le saint jour de l’Épiphanie arriva, et il commença à être tourmenté de plus en plus. Alors, par le conseil des siens, il passa le fleuve et vint à la ville. Ensuite, lorsque les prêtres allèrent, en chantant les psaumes, de la cathédrale à la sainte basilique, il suivit la croix monté sur son cheval ; mais lorsqu’il entra dans la sainte basilique, ses menaces et sa fureur tombèrent, et, sorti de l’église, il ne put ce jour-là prendre aucune nourriture ; sa respiration était devenue très difficile, et il se rendit à Poitiers. C’étaient alors les saints jours de carême ; il mangea une grande quantité de lape-