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reprochant à cet homme son action, obtint à grand’peine qu’il fît découvrir la fosse ; on en retira le serviteur vivant, mais on trouva la jeune fille suffoquée. Rauchingue était d’une grande perversité dans les actions de cette sorte, ne se montrant en rien aussi habile que dans les tromperies et les dérisions, et dans toutes les choses mauvaises, en sorte qu’il mourut comme il le méritait, car sa mort fut semblable aux plaisirs de sa vie, ainsi que nous le dirons par la suite [Livre IX].

Siggo, référendaire[1] ix, qui avait été chargé du sceau du roi Sigebert, et avait passé au roi Chilpéric pour en obtenir l’emploi qu’il avait eu chez son frère, quitta de nouveau Chilpéric, et passa au roi Childebert, fils de Sigebert. Ansoald obtint les biens qu’il avait dans le Soissonnais. Beaucoup de ceux qui avaient passé du royaume de Sigebert dans celui de Chilpéric le quittèrent de même. La femme de Siggo mourut peu de temps après, mais il en prit une autre.

En ces jours-là Roccolène, envoyé par Chilpéric, vint à Tours plein de jactance, et, plaçant son camp de l’autre côté de la Loire, nous fit dire par des messagers de faire sortir de la sainte basilique Gontran [Guntchramn], accusé de la mort de Théodebert x, menaçant, si nous ne le faisions pas, de brûler la ville et tous ses faubourgs. Ayant entendu son message, nous dépu-

  1. On appelait référendaire, sous les rois de la première race, l’officier du palais qui avait la garde de l’anneau ou sceau royal, et signait les diplômes émanés du roi. Mais ce nom était souvent donné aussi aux simples secrétaires que le garde du sceau avait sous ses ordres, ou aux officiers qui faisaient au roi des rapports sur les pétitions de ses sujets et transmettaient à ceux-ci ses réponses ; ce dernier emploi était celui des référendaires attachés aux empereurs romains.