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finie, il l’appela, et lui dit de se lever, puis, l’ayant fait prendre, voulut qu’il fût battu de verges, disant : « Il te convient, mon fils, de croître humblement en crainte et service de Dieu, non de te glorifier par des prodiges et des miracles, » et ordonna que, renfermé sept jours dans sa cellule, il y jeûnât comme un coupable, afin d’empêcher que ceci n’engendrât en lui une vaine gloire, ou quelqu’autre obstacle à la vertu. Maintenant le même moine, ainsi que nous le savons par des hommes dignes de foi, s’adonne à une telle abstinence que, dans les jours de carême, il n’avale ni pain ni aucun aliment, si ce n’est, le troisième jour, une coupe pleine de tisane. Que Dieu veuille l’avoir en sa sainte garde jusqu’à la fin de ses jours !

Cautin, évêque d’Auvergne, étant mort, comme nous l’avons dit, plusieurs s’efforçaient d’obtenir l’épiscopat, offrant beaucoup, promettant davantage. Le prêtre Euphrasius, fils du sénateur Ennodius [ou Evodius], ayant reçu des Juifs beaucoup de meubles précieux, les envoya au roi par son beau-père Bérégésile, afin d’obtenir par ce présent ce qu’il ne pouvait obtenir par son mérite. Il était agréable en conversation, mais point chaste dans ses œuvres ; il enivrait souvent les barbares xxxvii, et rassasiait rarement les nécessiteux ; et je crois que ce qui l’empêcha d’obtenir la dignité qu’il désirait, c’est qu’il y voulut arriver, non par la voie de Dieu, mais par celle des hommes. Et en ceci ne put être changé ce que Dieu avait prononcé par la bouche de saint Quintien, qu’il ne sortirait pas de la race d’Hortensius xxxviii un homme qui gouvernât l’église de Dieu. L’archidiacre Avitus, ayant assemblé le