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et ses enfants, chez Chonobre, comte de Bretagne. Wiliachaire, son beau-père, s’enfuit dans l’église Saint-Martin ; et alors, en punition des péchés du peuple et des moqueries qu’il faisait de cette sainte basilique, elle fut brûlée par Wiliachaire et sa femme ; ce que nous ne pouvons raconter ici sans de profonds soupirs. La ville de Tours avait déjà été consumée quelques années auparavant, et toutes ses églises étaient demeurées dévastées. Par l’ordre de Clotaire, la basilique du bienheureux saint Martin fut recouverte en étain, et rétablie dans tout son ancien éclat. Il parut alors deux armées de sauterelles qui, passant, dit-on, par l’Auvergne et le Limousin, arrivèrent dans la plaine de Romagnac [Romagnat, près de Clermont], et s’y étant livré un grand combat, s’acharnèrent les unes contre les autres. Le roi Clotaire, irrité de colère contre Chramne, marcha en Bretagne avec une armée et Chramne ne craignit pas de marcher, de son côté, contre son père. Tandis que les deux armées étaient mêlées sur le champ de bataille, et Chramne avec les Bretons, commandant les troupes contre son père, la nuit arriva, et fit cesser le combat. Cette même nuit, Chonobre, comte des Bretons, dit à Chramne : « Sortir du camp contre ton père, c’est, selon moi, une chose qui ne t’est pas permise ; laisse-moi tomber cette nuit sur lui, et le défaire avec toute son armée. » Chramne, aveuglé, je pense, par la puissance divine, ne le permit pas, et, le matin arrivé, les deux armées se mirent en mouvement, et s’avancèrent l’une contre l’autre. Le roi Clotaire allait, comme un nouveau David, prêt à combattre contre son fils Absalon, pleurant et disant : « Jette les yeux sur nous, ô Dieu, du