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Chramne, s’enfuit dans la basilique de Saint-Martin ; et le secours divin ne lui manqua pas dans ses tribulations. Chramne, dans l’intention de l’avoir de force, avait défendu que personne osât lui porter des aliments, et ordonné qu’on le gardât si soigneusement qu’il ne pût même obtenir de l’eau à boire, afin que, poussé par la famine, il consentit à sortir de lui-même de la sainte basilique, et qu’on pût le faire périr. Comme il était à demi-mort, quelqu’un entra, lui portant à boire un petit verre d’eau ; mais, au moment où il venait de le prendre, le juge du lieu s’élança rapidement sur lui, et le lui ayant arraché de la main, répandit l’eau à terre ; mais, avec la même rapidité, s’ensuivirent aussitôt la vengeance de Dieu et les signes de la puissance du saint évêque : car le juge qui avait fait cette action, saisi de la fièvre le jour même, expira au milieu de la nuit, et ne vit pas, le lendemain, l’heure à laquelle, dans la basilique du saint, il avait arraché la boisson des mains du fugitif. Après ce miracle, tout le monde s’empressa de porter abondamment à Austrapius ce qui lui était nécessaire ; et, lorsque le roi Clotaire fut revenu dans son royaume, il fut en grand crédit auprès de lui. Quelque temps après, étant entré dans les ordres au château de Selle xviii, situé dans le diocèse de Poitiers, il fut sacré évêque, afin que lorsque Pientius, qui gouvernait alors l’église de Poitou, viendrait à mourir, il pût occuper sa place : mais le roi Charibert en ordonna autrement ; car, lorsque l’évêque Pientius eut passé de ce monde dans l’autre, Pascentius, alors abbé de l’église de Saint-Hilaire, lui succéda par ordre du roi Charibert, bien qu’Austrapius réclamât la possession de ce siége. Ses