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seils, il forma le projet de se mettre du parti de Childebert, son oncle, afin de tendre des embûches à son père ; et son oncle eut la perfidie de lui promettre des secours, tandis que, selon la religion, il aurait dû l’engager à ne se pas déclarer ennemi de son père. S’étant donc entendus par des messagers secrets, ils conspirèrent ensemble contre Clotaire, et Childebert ne se rappela pas que toutes les fois qu’il s’était élevé contre son frère, cela lui avait toujours tourné à confusion. Chramne, étant donc entré dans cette criminelle combinaison, revint à Limoges, et au lieu qu’auparavant il avait voyagé sur les possessions de son père, là il se trouva dans ses propres domaines. Le peuple de Clermont se tenait alors renfermé dans ses murs, et beaucoup mouraient de diverses et dangereuses maladies. Le roi Clotaire envoya vers Chramne deux de ses fils, Charibert et Gontran ; en arrivant en Auvergne, ils apprirent qu’il était dans le Limousin, et continuant leur marche jusques à la montagne appelée Noire xvi, ils l’y trouvèrent. Ils y établirent leurs tentes et assirent leur camp prés de lui, faisant passer vers lui des envoyés, pour lui dire qu’il devait rendre les possessions de son père qu’il avait envahies à tort, sans quoi on se préparerait au combat. Lui, feignant de reconnaître l’autorité de son père, dit : « Je ne puis me dessaisir de tout ce que j’ai pris ; mais je désire le garder en ma puissance, du consentement de mon père. » Ils le pressèrent de décider la chose entre eux par un combat, et les deux armées étant venues sur le champ de bataille et s’étant mises en mouvement avec un grand appareil, il s’éleva sur-le-champ, pour les empêcher de combattre, une tempête accom-