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roi s’étant informé de saint Euphronius, ils lui dirent qu’il était neveu du bienheureux Grégoire dont nous avons parlé. Le roi répondit : « C’est une race relevée et des premières ; que la volonté de Dieu et de saint Martin soit faite, et son élection confirmée. » Il donna cette confirmation et saint Euphronius fut sacré évêque, le dix-huitième après saint Martin.

Chramne, comme nous l’avons dit, faisait en Auvergne beaucoup de maux de diverses sortes et était toujours animé de haine contre l’évêque Cautin ; il arriva que dans ce temps il fut dangereusement malade et qu’une grande fièvre lui fit tomber tous les cheveux. Il avait avec lui un citoyen d’Auvergne, nommé Ascovinde, homme d’un grand mérite, et éminent en toutes sortes de vertus, qui faisait tous ses efforts pour s’opposer à sa mauvaise conduite, mais ne pouvait y parvenir. Il avait aussi un Poitevin, appelé Léon, qui l’excitait vivement à toutes les mauvaises actions. Celui-ci, conformément à la signification de son nom, était adonné à toutes sortes de passions avec la cruauté d’un lion. On prétend qu’il disait quelquefois que Martin et Martial, confesseurs de Dieu, ne laissaient au fisc rien qui vaille. Frappé soudainement par un miracle des saints confesseurs, il devint sourd et muet et mourut insensé, car inutilement ce pauvre misérable se rendit à l’église de saint Martin de Tours, y célébra des veilles et y offrit des présents ; le saint ne le regarda pas avec sa bonté accoutumée et il s’en retourna aussi malade qu’il était venu.

Chramne cependant ayant quitté l’Auvergne, vint dans la cité de Poitiers ; tandis qu’il y vivait avec beaucoup de magnificence, séduit par de mauvais con-