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en possession du royaume de France [l’Austrasie], apprit, comme il parcourait ses États, que les Saxons, enflammés de nouveau de leur ancienne fureur, s’étaient révoltés et refusaient de payer le tribut qu’ils avaient coutume de donner tous les ans. Irrité de cette nouvelle, il marcha vers eux, et, lorsqu’il fut arrivé près de leur frontière, les Saxons envoyèrent vers lui pour lui dire : « Nous ne te méprisons point, et ne refusons pas de te payer ce que nous avions coutume de payer à tes frères et à tes neveux ; nous te donnerons même davantage si tu le demandes ; mais nous te prions de demeurer en paix avec nous, et n’en viens pas aux mains avec notre peuple. » Clotaire ayant entendu ces paroles dit aux siens : « Ces hommes parlent bien ; ne marchons pas sur eux de peur de pécher contre Dieu. » Mais ils lui dirent : « Nous savons que ce sont des menteurs et qu’ils n’ont jamais accompli leur promesse ; marchons sur eux. »

Alors les Saxons revinrent de nouveau, offrant la moitié de ce qu’ils possédaient et demandant la paix, et le roi Clotaire dit aux siens : « Désistez-vous, je vous prie, de l’envie d’attaquer ces hommes, afin que nous n’attirions pas sur nous la colère de Dieu. » Mais ils n’y voulurent pas consentir. Les Saxons revinrent encore offrant leurs vêtements, leurs troupeaux et tout ce qu’ils possédaient, et disant : « Prenez tout cela et aussi la moitié de nos terres, pourvu seulement que nos femmes et nos petits enfants demeurent libres et, qu’il n’y ait pas de guerre entre nous. » Mais les Francs, ne voulurent point encore consentir à cela. Le roi Clotaire leur dit : « Renoncez, je vous prie, renoncez à votre projet, car le