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riole à sa puissance. Celui-ci fut grandement abaissé et dépouillé de ses dignités. Il y fut rétabli cependant par la reine Wisigarde. Après la mort de la reine, Secondin s’éleva de nouveau contre lui, et le tua. Il laissa en mourant un fils qui, grandissant et parvenu à l’âge d’homme, commença à vouloir venger l’injure de son père. Alors Secondin, saisi de frayeur, se mit à fuir devant lui de place en place, et voyant qu’il ne pouvait éviter sa poursuite, on dit que, pour ne pas tomber entre les mains de son ennemi, il se donna la mort au moyen du poison.

Desiré [Désideratus], évêque de Verdun, à qui Théodoric avait fait souffrir un grand nombre d’injures, ayant, après beaucoup de calamités, de dommages et de pertes, recouvré, par la volonté de Dieu, sa liberté et son évêché, habitait, ainsi que nous l’avons dit, la ville de Verdun. Voyant les habitants pauvres et dépouillés, il s’affligeait sur eux ; mais, comme il avait été privé de ses biens par Théodoric et n’avait pas de quoi les soulager, connaissant la bonté et la miséricorde du roi Théodebert envers tous, il lui envoya un message, et lui fit dire : « La renommée de ta bonté est répandue par toute la terre, et ta bienfaisance est telle que tu donnes même à ceux qui ne te demandent rien ; je te prie, si tu as quelque argent, que ta pitié veuille nous le prêter, afin que nous puissions soulager nos concitoyens ; les commerçants de notre cité répondront pour elle, ainsi que cela se fait dans les autres cités, et nous te rendrons ton argent avec un légitime intérêt. » Alors, ému de compassion, Théodebert lui envoya sept mille pièces d’or. L’évêque, les ayant prises, les partagea à ses concitoyens. Les com-