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dans un combat, et se retira. Après cela Buccelin occupa la Sicile, et y leva des tributs qu’il envoya aux rois. Il fut très heureux dans toutes ses entreprises[1] xxxix.

Astériole et Secondin avaient alors un grand crédit auprès du roi. Tous deux étaient savants et profondément versés dans les lettres, mais Secondin avait été plusieurs fois envoyé par le roi vers l’empereur, et il en avait pris un orgueil qu’il montrait souvent hors de propos. Cela fit qu’il s’éleva entre lui et Astériole un cruel différend qui alla à ce point que, laissant de côté les argumentations verbales, ils se déchirèrent à belles mains. Le roi ayant pacifié les choses, Secondin n’en conserva pas moins une grande colère d’avoir été battu, de sorte qu’il s’éleva entre eux une nouvelle querelle, et le roi, prenant le parti de Secondin, soumit Asté-

  1. Les événements sont défigurés et les temps confondus dans ce récit. 1° Ce ne fut point sous le règne de Théodebert, mais en 553, sous celui de son fils Théodebald, qu’eut lieu la grande expédition dont parle ici Grégoire de Tours, et dans laquelle les bandes barbares, sous la conduite de Buccelin et de Leutharis, pénétrèrent jusqu’à l’extrémité de l’Italie. En 540, Théodebert se retirant d’Italie y avait, à la vérité, laissé ou renvoyé le duc Buccelin à la tête d’une armée ; mais rien n’indique qu’à cette époque les Francs aient dépassé les contrées septentrionales. 2° Tout porte à croire que Buccelin, duc des Allemands placés sous la domination des rois d’Austrasie, entreprit la seconde expédition, non par ordre du roi Théodebald, mais pour son propre compte et à la tête d’une multitude de barbares qu’attirait en Italie le désir du pillage, comme aux premiers temps de leurs invasions dans l’Empire. 3° Enfin Buccelin ne fut point toujours vainqueur des Grecs et de Narsès ; il succomba au contraire près de Capone, comme le dit ailleurs Grégoire lui-même, et fut tué dans la bataille. Plusieurs autres chefs Francs, Allemands, Thuringiens, se ruèrent, vers la même époque, sur l’Italie, appelés tantôt par les Ostrogoths, tantôt par les Grecs, et ne servant ni l’un ni l’autre parti. La guerre et le climat dévorèrent ces bandes errantes qui ne formèrent aucun établissement ; et s’il fallait en croire Agathias, il ne resta de celle de Buccelin que cinq hommes qui parvinrent seuls à retourner dans leur pays.