Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cependant Childebert et Théodebert mirent sur pied une armée, et se disposèrent à marcher contre Clotaire [en 537] ; celui-ci l’ayant appris, et jugea qu’il n’était pas de force à se défendre contre eux, s’enfuit dans une forêt xxxiv et y fit de grands abattis, plaçant toutes ses espérances en la miséricorde de Dieu. Mais la reine Clotilde ayant appris ces choses se rendit au tombeau du bienheureux Martin, s’y prosterna en oraison et passa toute la nuit à prier qu’il ne s’élevât pas une guerre civile entre ses fils. Ceux-ci, arrivant avec leur armée, assiégèrent Clotaire et pensaient le tuer le jour suivant ; mais le matin arrivé, une tempête s’éleva dans le lieu où ils étaient rassemblés, emporta les tentes, mit en désordre et bouleversa tout. À la foudre et au bruit du tonnerre se mêlaient des pierres qui tombaient sur eux. Ils se précipitaient le visage contre la terre couverte de grêle, et étaient grièvement blessés par la chute des pierres. Il ne leur restait rien pour s’en défendre que leur bouclier, et ce qu’ils craignaient de plus, c’était d’être réduits en cendres par le feu du ciel. Les chevaux furent aussi dispersés, et à peine les put-on retrouver à la distance de vingt stades ; il y en eut même beaucoup qu’on ne retrouva pas. Prosternés, comme nous l’avons dit, la face contre terre, et blessés par les pierres, ils exprimaient leur repentir, et demandaient pardon à Dieu, d’avoir entrepris la guerre contre leur propre sang ; mais il ne tomba pas une seule goutte de pluie sur Clotaire, il n’entendit pas le moindre bruit de tonnerre, et au lieu où il était, il ne se fit pas sentir la moindre haleine de vent. Les autres, lui ayant envoyé des messagers, lui demandèrent de vivre en paix et en concorde, et