Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce qu’il pouvait atteindre. Lorsqu’il fût mort, on réunit ses biens au fisc du roi.

Cependant Théodoric et Childebert firent alliance, et, s’étant prêté serment de ne point marcher l’un contre l’autre, ils se donnèrent mutuellement des otages pour confirmer leurs promesses. Parmi ces otages il se trouva beaucoup de fils de sénateurs ; mais, de nouvelles discordes s’étant élevées entre les rois [en 533], ils furent dévoués aux travaux publics, et tous ceux qui les avaient en garde en firent leurs serviteurs ; un bon nombre cependant s’échappèrent par la fuite et retournèrent dans leur pays ; quelques-uns demeurèrent en esclavage. Parmi ceux-ci, Attale, neveu du bienheureux Grégoire, évêque de Langres, avait été employé au service public et destiné à garder les chevaux ; il servait un barbare qui habitait le territoire de Trèves. Le bienheureux Grégoire [Grégorius] envoya des serviteurs à sa recherche, et, lorsqu’on l’eut trouvé, on apporta à cet homme des présents ; mais il les refusa en disant : « De la race dont il est, il me faut dix livres d’or pour sa rançon. » Lorsque les serviteurs furent revenus, Léon, attaché à la cuisine de l’évêque, lui dit : « Si tu veux le permettre, peut-être pourrai-je le tirer de sa captivité. » Son maître fut joyeux de ces paroles, et Léon se rendit au lieu qu’on lui avait indiqué. Il voulut enlever secrètement le jeune homme, mais il ne put y parvenir. Alors, menant avec lui un autre homme , il lui dit : « Viens avec moi, vends moi à ce barbare, et le prix de ma vente sera pour toi ; tout ce que je veux, c’est d’être plus en liberté de faire ce que j’ai résolu. » Le marché fait, l’homme alla avec lui, et s’en retourna après l’avoir vendu douze