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fruits. Fiers de la protection de leurs remparts, les assiégés étaient sortis pour faire quelque butin, comptant se renfermer de nouveau dans les murs de leur forteresse. Ils furent pris par leurs ennemis au nombre de cinquante, et conduits sous les yeux de leurs parents, les mains liées derrière le dos et le glaive levé sur leur tête. Les assiégés consentirent, pour qu’on ne les mît pas à mort, à donner quatre onces d’or pour la rançon de chacun.

Théodoric ayant quitté l’Auvergne, y laissa pour la garder son parent Sigewald.

Il y avait en ce temps, parmi les hommes chargés d’appeler les Francs à la guerre, un certain Litigius qui tendait de grandes embûches à saint Quintien ; et lorsque le saint évêque se prosternait à ses pieds, loin d’accéder à ce qu’il lui demandait, il racontait à sa femme, en s’en raillant, ce qu’avait fait le saint. Mais celle-ci, animée d’un meilleur esprit, lui dit : De cette manière, le jour où tu seras abattu tu ne te relèveras plus. Il arriva le troisième jour des envoyés du roi qui l’emmenèrent lié avec sa femme et ses enfants, et depuis il ne revint jamais en Auvergne.

Munderic, qui se prétendait parent du roi, enflé d’orgueil, dit : « Pourquoi Théodoric est-il mon roi ? Le gouvernement de ce pays m’appartient comme à lui ; j’irai, j’assemblerai mon peuple et lui ferai prêter serment, afin que Théodoric sache que je suis roi tout comme lui. » Et étant sorti en public, il commença à séduire le peuple en disant : « Je suis prince, suivez-moi, et vous vous en trouverez bien. » La multitude du peuple des campagnes le suivit donc, en sorte que, par un effet de l’inconstance humaine,