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truite, elle s’irritait contre lui ; et alors il en donnait le prix aux pauvres et remettait ces meubles dans la maison.

Après que Sidoine se fût consacré au service du Seigneur, et pendant qu’il menait dans ce monde une sainte vie, deux prêtres se soulevèrent contre lui ; et lui ayant enlevé tout pouvoir sur les biens de l’église, ils lui laissèrent à peine de quoi vivre, et lui firent subir les plus grands outrages ; mais la clémence divine ne souffrit point que ces injures restassent longtemps impunies. Un de ces prêtres méchants et indignes l’avait menacé de l’arracher de l’église avant la nuit. Ayant entendu le son qui appelait à Matines, il se leva enflammé de fureur contre le saint de Dieu, et méditant dans son cœur pervers d’accomplir le dessein qu’il avait formé le jour précédent. Mais étant entré dans un privé, il rendit l’âme en s’efforçant de satisfaire ses besoins. Son domestique attendait dehors avec un flambeau que son maître sortît. Le jour approchait déjà. Son complice, c’est-à-dire l’autre prêtre, lui envoya un messager pour lui dire : « Viens, il ne tarde pas, pour que nous accomplissions ensemble ce que nous avons médité hier. » Mais, comme le mort ne répondait pas, le domestique ayant soulevé le voile de la porte[1] lxx, trouva son maître mort sur le siège du privé. On ne peut douter, d’après cela, qu’il ne fût coupable d’un crime aussi grand que cet Arius qui rendit de même ses entrailles dans un privé. On ne peut appeler autrement qu’hérétique celui qui, dans une église, n’obéit pas au pontife de

  1. Des tentures plus ou moins grossières servaient de portes dans l’intérieur des maisons.