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en mocassins

violantes, et rempli d’un vague sentiment religieux. Il exige deux chœurs : celui des hommes, partie basse ; et celui des femmes, partie haute ; et quelle hauteur ! décourageante assurément, si ce n’est pour des voix claires, presque glapissantes, de sauvagesses.

C’est le feu tiré du silex, symbole de pureté qui doit servir à allumer le calumet de paix et celui du conseil. Le même feu doit consumer les offrandes qu’on fait aux divinités.

La poésie, l’Algonquin la crée partout dans son entourage ; il ne peut vivre que dans cet élément ; il ne pense que par images et voit au fond de chacune, la silhouette d’un manitou. Il ne rêve qu’aux esprits, se réveille avec leur vision au fond de sa prunelle et leur demande l’explication de tout.

Des parcelles de cuivre natif brillent au soleil sur les grèves du lac Supérieur ? — Ce sont les présents du génie des eaux. — D’énormes cailloux encombrent le sault Ste-Marie, excitent la colère du fleuve, le font rugir et écumer ? — Il s’acharne ainsi aux débris d’une digue construite jadis par Michabou, afin de former le Kitchigami[1] et d’y prendre des castors. — De ces digues en ruine, il y en a tout le long de l’Outaouais ? — Celles-ci rappellent les travaux du Grand Castor dont la dépouille mortelle repose aujourd’hui sur une montagne voisine du Nipissing. — Que sont les cailloux épars dans les champs et sur les coteaux ? — Des projectiles que

  1. Nom algonquin du lac Supérieur.