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les algonquins

Pontiac exploitait ainsi le goût des Indiens pour le merveilleux, jetait dans leurs consciences un trouble fécond en résolutions énergiques et plaçait la morale à la base de sa gigantesque entreprise. En cela, il se montrait observateur sagace, fin psychologue et législateur habile.

Les événements qui suivirent révélèrent en cet enfant des bois une éloquence irrésistible, au moins pour des sauvages ; un ascendant incroyable sur les autres chefs ; un talent militaire qui lui valut l’admiration des hommes de l’art ; enfin une constance inconnue chez ceux de sa race et qu’il sut communiquer à tous les conjurés.

Pendant une année, il tint ces vagabonds sous les armes et la discipline ; il leur fit prendre neuf forts sur les onze qui étaient dispersés autour des Grands Lacs et qu’il avait commandé d’assiéger le même jour.

Il les assujettit à faire pendant quatre mois le siège du fort Détroit, et cela malgré le manque de vivres. Pour s’en procurer, il imagina une espèce de banque. Celle-ci émettait des billets de crédit portant l’image des objets désirés et la figure d’une loutre, blason du sauvage dictateur qui se faisait porter en chaise dans les rues du village.

Après avoir épuisé tous les moyens dont peuvent disposer le talent et l’adresse sans outillage, il dut se retirer devant le renfort que reçut la place.