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en mocassins

Chant du Poukouaginin

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« Je chéris les sommets calcinés par la foudre,
Balayés par les vents », dit Poukouaginin,
« La grêle qui crépite et l’eau qui vole en poudre,
Et les nuages d’or qui voilent le matin. »

« J’admire les bouleaux tordus par la tempête,
Les cèdres rabougris suspendus au rocher ;
J’aime des plus grands monts à parcourir la crête,
Et, sur le bord croulant du gouffre, à me pencher. »

« J’aime l’escarpement où l’aigle fait son aire,
D’où l’écho se détourne en poussant des clameurs ;
Le sommet nu, levant sa face solitaire
Et que jamais printemps ne couronna de fleurs. »

Fin du concert.

 Ainsi, dans le grand lac, loin des causes d’alarme,
Tant que les éléments se montrent en courroux,
Tant que rage le vent et que dure le charme.
Tant que le veut Oka, chantent le manitous.

Le tonnerre se tait, l’obligeante tempête
Déchire ses rideaux, calme son hurlement :
Le soleil reparaît ; à partir on s’apprête ;
Sur un signe d’Oka cesse l’enchantement.