Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
le génie du lac des deux-montagnes


Martin-pêcheur prend la crécelle
Rat-musqué son aigre sifflet
Wawaron le violoncelle,
Pluvier, bec fin, le flageolet

L’artiste grenouille s’entête
À marteler son trémolo ;
Et du ciel où court la tempête
Tombe l’intermittent solo
De maints huards à voix flutée
Des milliers d’ailes vannent l’air
Sous la sombre voûte bleutée
Où griffonne en courant l’éclair
Et puis cent troupes élégantes
De ces petits musiciens
Aux fines ailes transparentes,
Coureurs de bals aériens.
En sonnant de leurs chanterelles
Désertent l’abri du caillou
Et vont, sonores étincelles,
Faire leur cour au manitou.

Maringouins, mouches et moustiques
Plus légers que des feux follets
Et jouant tous de leurs musiques
Dansent en rond de fous ballets.
Leur svelte sœur et leur émule
Au long corsage velouté,