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les algonquins

Je n’ai omis que ce refrain : « Je suis donc abandonnée dans cette île solitaire pour y mourir ».

Dans une autre composition abénaquise : « Le Chant du Soir », le tonnerre bat son tambour, l’éclair allume son calumet, le tourbillon lutte de vitesse avec son sifflement ; les petites étoiles qui ne dorment jamais, fuient dans le ciel et font cortège à leur chef, l’étoile du soir ; enfin les lumières de l’aurore boréale jouent une partie de balle, dans leur contrée céleste où tout gèle dans la splendeur.

CHANT DE BERCEUSE.

On connaît la nâgane ou berceau indien, cette espèce de planche à corniche sur laquelle on attache le bébé, et que l’on suspend, l’été, aux branches des arbres ; l’hiver, aux chevrons, de la cabane. On y attache une corde qui sert à la faire balancer, et voici ce que chante, chez les Sauteux, celle qui tire la corde et qui est tantôt la mère, tantôt la jeune sœur de l’enfant :

Holà ! Qui vois-je en l’air, (bis)
Dans la cabane ?
À qui le bel œil clair (bis)
Qui brille en l’air ?

Ici, mettant la parole dans la bouche du marmot, et prenant une petite voix flutée, la berceuse continue :