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en mocassins

Il y a parmi nous trois chasseurs
Qui poursuivent une ourse,
Et jamais il n’y eut un temps
Où ils ne la chassèrent pas.
Nous regardons en bas sur les montagnes.
Telle est la chanson des étoiles. »[1]

Les trois chants qui précèdent suivent un mot à mot anglais du texte algonquin, si, toutefois, l’on peut appeler mot à mot des phrases absolument différentes quant aux éléments de langage et à la construction ; car dit Schoolcraft : « Jamais, deux, langues plus dissemblables dans leurs principaux caractères, que l’anglais et l’indienne (lisez l’algonquine) ne se sont rencontrées. L’une est monosyllabique et presque sans flexions ; l’autre est polysyllabique, polysynthétique et si pleine d’inflexions imaginatives de toutes sortes, qu’elle est complètement transpositive. »[2]

Nous venons donc de voir du français essayant en vain d’être de l’algonquin. Sans critiquer ceux qui pensent y trouver ce qui s’éloigne le moins de l’original, pourquoi n’essayerait-on pas de parler comme le ferait un Algonquin si sa langue était le français. La pensée n’aurait plus, certes, son vrai cos-

  1. Traduit de l’Anglais. Voir J. Read : « Aboriginal American Poetry », Rapp. de la Soc. Roy. 1887, vol. V, Sec. II, p. 28.
  2. « Oneota », p. 43.