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les algonquins

phiant ou répétant soit le refrain, soit quelques mots ou quelques syllabes.

Ce sont de simples rapsodies, non travaillées ; des ébauches jaillies de source, souvent fort belles et du plus grand effet, mais faites de traits rapides et légers, de touches hardies, quelquefois géniales, bien que souvent, sans autre liaison entre elles que l’unité du sujet. Ce sont des profils, des silhouettes, des crêtes de vagues qui font soupçonner une mer furieuse, des ombres fugitives d’ailes révélant le passage des oiseaux.

Ceci n’est nulle part aussi vrai que dans les chants de guerre et de mort où l’âme sauvage, jetée hors d’elle-même par la violence de ses propres sentiments, n’en trouve que des expressions détachées, incomplètes et qui donnent la moitié du sens à deviner. Au reste ceci n’est pas absolument contraire au lyrisme.

Donnons quelques exemples :

CHANT DE GUERRE CHIPPEOUAIS.

« Du pays du sud
Ils viennent (bis)
Les oiseaux : (c-à-d. les oiseaux rapaces).
Écoutez-les passer dans l’air en criant. »
« Je désire me transformer
En oiseau :
Son corps rapide ! être comme lui ! »