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de cet art de vanté finit par ennuyer les autres et le fatigue tant lui-même, qu’il se dégoûte de la vie au point de se suicider ; le troisième, plus sage, demande l’habileté dans l’art de la chasse et passe le reste de ses jours dans l’abondance et le contentement.

Le trésor algique de légendes et même de chansons, est d’emblée le plus riche qu’il y ait chez les aborigènes de l’Amérique septentrionale. Abstraction faite d’un fond commun à toutes les tribus, elles forment deux groupes bien tranchés : il y a celles de l’Ouest recueillies, en majeure partie chez les Sauteux, par Schoolcraft, et celles de l’Est collectionnées et commentées surtout par A. Rand et C.-G. Leland.

Les premières se recommandent par la grâce, tandis que les secondes, moins humaines, mais d’une inspiration plus vigoureuse, semblent sorties des mers fantastiques du Nord ou avoir poussé avec les sapins dans les falaises de la Gaspésie. Les tonnerres n’y sont plus une famille d’oiseaux, mais des hommes manitous qui ont leur demeure sur le sommet enchanté du mont Katahdin. Munis d’ailes postiches, ils sillonnent le ciel orageux en jetant des balles de pierre au Cullou, un oiseau géant qu’ils ne peuvent tuer, mais dont les plumes lancent des éclairs lorsqu’ils réussissent à le frapper. Le Cul-