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I.


Le fugitif.


Seigneurs, que Dieu vous bénisse ! Entendez la bonne chanson que je veux vous dire ; elle n’est pas inspirée par l’orgueil ou la folie et ne traite pas de mensonges, mais des preux qui conquirent l’Espagne. Les faits qu’elle contient, sont bien connus de ceux qui vont à Saint-Gilles, et ont vu les objets qui en rappellent le souvenir : l’écu de Guillaume et celui de Bertrand, son noble neveu.

Je ne crains pas qu’aucun clerc ou qu’aucune histoire écrite vienne me contredire.

Tout le monde a chanté la cité de Nîmes, ses murs élevés, son château en pierre et son palais, que Guillaume tient en sa puissance ; mais quant à Orange, qu’il ne possédait pas encore, peu de gens en savent la vraie histoire. Je vous la dirai ; car il y a longtemps que j’ai appris comment Orange fut réduit.

C’est Guillaume à la mine hardie qui fit cela ; il en chassa les païens d’Almérie, de Bagdad et de Tabarie, et épousa ensuite la reine Orable, la femme du roi Thibaut d’Afrique, qui depuis crut en Dieu, le fils de sainte-Marie, et bâtit des églises et des abbayes.