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punir les péchés, et, en tirant vengeance du délit, il exerça le droit de son pouvoir[1]. »

Au même endroit, il prouve par l’exemple de saint Paul, aussi bien que par celui de saint Pierre, que le pasteur doit être humble envers les fidèles et n’exercer son pouvoir que s’il est obligé de prendre en main la cause de la justice. Ainsi saint Paul se proclama le serviteur des fidèles, le plus petit d’entre eux ; mais, ajoute saint Grégoire : « S’il trouve une faute à corriger, il se souvient qu’il est Maître et dit : Que voulez-vous ? je viendrai à vous avec une verge de fer. — Donc, conclut saint Grégoire, on remplit bien la place la plus élevée (summus locus), lorsque celui qui préside domine plutôt sur les vices que sur les frères. Mais lorsque ceux qui président corrigent ceux qui leur sont soumis, il leur reste un devoir, etc., etc.[2] »

On voit que saint Grégoire considère saint Paul aussi bien que saint Pierre et leurs successeurs, comme occupant la place la plus élevée dans l’Église, comme présidant dans l’Église. S’il dit que saint Pierre occupe le principat, il dit aussi que saint Paul est maître ; il se sert du même mot, summus, pour exprimer l’autorité de saint Pierre et celle de saint Paul, et de tous ceux qui ont le droit d’exercer l’autorité dans l’Église. Se serait-il exprimé de cette manière générale si, par le mot de principat, il avait voulu désigner une autorité supérieure exclusivement attribuée à saint Pierre ? De même que, sous la dénomination de chaire de saint Pierre, il entend le premier degré de l’épiscopat représenté par les patriarches ; de même, par le mot d’autorité supérieure, il n’entend que celle de l’épiscopat, dont les pasteurs de l’Église ont hérité.

Plus on approfondit les ouvrages des Pères de l’Église, plus on est convaincu de leur accord à considérer l’autorité dans l’Église comme étant une et possédée solidairement par les premiers pasteurs ou les évêques. Au premier abord, on

  1. Saint Grégoire, Règle pastorale, 2e partie, ch. 6.
  2. Ibid.