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attribuer exclusivement, ni l’un ni l’autre, le disciple de ce prince des apôtres[1]. »

Saint Grégoire écrivait à Euloge, patriarche d’Alexandrie :

« Nous avons reçu avec la même douceur qu’elle nous a été donnée la bénédiction de l’évangéliste saint Marc, ou, pour parler plus exactement, de l’apôtre saint Pierre[2]. »

Il écrivait au même, après l’avoir félicité de la réfutation qu’il avait faite des erreurs des monophysites :

« Louange et gloire soient dans les cieux à mon très saint frère, grâce auquel la voix de Marc se fait entendre sur le siége de Pierre ; dont l’enseignement résonne sur l’Église comme la cymbale dans le tabernacle, lorsqu’il approfondit les mystères, c’est-à-dire lorsque, prêtre du Très-Haut, il entre dans le Saint des Saints[3]. »

A-t-on jamais dit aux évêques de Rome quelque chose de plus flatteur que ce que saint Grégoire dit ici à Euloge d’Alexandrie ? Le saint pape ne semble-t-il pas copier les paroles du concile de Chalcédoine : « Pierre a parlé par la bouche de Léon ? » Pourquoi tirer tant de conséquences des paroles des Pères de Chalcédoine, prononcées à la louange de l’évêque de Rome, et n’en tirer aucune des paroles du grand pape adressées au patriarche d’Alexandrie ? Il écrivait au même une autre fois[4] :

« Les porteurs de la présente lettre étant venus en Sicile, se sont convertis de l’erreur des monophysites, et se sont unis à la sainte Église universelle. Voulant se rendre à l’Église du bienheureux Pierre, prince des apôtres, ils m’ont prié de leur donner des lettres, de recommandation pour Votre Béatitude, afin que vous leur prêtiez secours contre les violences des hérétiques leurs voisins. »

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. V, lettre 39e (édit. bénéd.).
  2. Ibid., liv. VIII, lettre 39e.
  3. Ibid., liv. X, lettre 35e.
  4. Ibid., liv. XII, lettre 50e.