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Alexandrie, il n’envoya que son disciple ; mais à Antioche il siégea sept ans. Si un évêque a hérité du siége de Pierre, dans la rigoureuse acception du mot, ce serait donc, d’après saint Grégoire, celui d’Antioche. Le grand pape n’ignorait pas que saint Pierre n’était venu à Rome que pour y mourir ; que l’Église romaine était alors fondée et gouvernée par un évêque ; aussi se contente-t-il de dire qu’il a rendu glorieux le siége de Rome par le martyre qu’il a souffert, tandis qu’il désigne Antioche comme la vraie chaire épiscopale de Pierre. Nous croyons que saint Pierre ne fut pas plus évêque d’Antioche que de Rome, dans la stricte acception du mot ; mais il nous suffit de constater l’opinion de saint Grégoire, et cette opinion, quelle qu’elle soit, n’en est pas moins un argument foudroyant contre les prétentions de la cour de Rome.

Écrivant à Anastase le Grand ou l’Ancien, patriarche d’Antioche pour le consoler dans ses souffrances, Grégoire lui disait[1] :

« Voici que Votre Béatitude est accablée de nombreuses tribulations dans sa vieillesse ; mais qu’elle songe à ce qui a été dit de celui dont elle occupe le siége. N’est-ce pas de lui que la Vérité elle-même a dit : Lorsque tu seras vieux, un autre te ceindra et te mènera où tu ne voudrais pas ? (Évangile de saint Jean, XXI, 18.)

On sait que ces paroles furent adressées par Jésus-Christ à saint Pierre.

Dans une autre lettre, au même Anastase, saint Grégoire s’exprimait ainsi, après avoir cité des paroles qu’il croyait être de saint Ignace d’Antioche :

« J’ai placé dans ma lettre ces paroles puisées dans vos écrits, afin que Votre Béatitude sache que votre saint Ignace est aussi à nous. Car, de même que nous avons en commun le maître, le prince des apôtres, ainsi nous ne devons nous

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. VIII, lettre 2e (édit. bénéd.).