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Nous avons traduit les lettres par lesquelles le pape saint Grégoire le Grand combattit, par tous les moyens en son pouvoir, la première tentative qui ait été faite dans l’Église pour usurper un titre qui pouvait faire supposer une autorité universelle. Quant à cette autorité en elle-même, personne n’y prétendait alors, pas plus le pape saint Grégoire, évêque de Rome, que Jean, évêque de Constantinople.

Il est remarquable que les premières attaques contre la simple apparence de cette autorité dont les papes, depuis les Fausses Décrétales, ont fait une si triste réalité, il est remarquable, disons-nous, que ces premières attaques soient parties de Rome et d’un des papes les plus saints et les plus doctes. On serait bien aveugle si l’on ne voyait pas là une disposition de la Providence qui voulait condamner d’avance et par l’organe d’un grand pape, écho fidèle des doctrines des six premiers siècles de l’Église, les usurpations sacriléges des papes postérieurs, et les pièces mensongères sur lesquelles ils ont prétendu les appuyer.

Il n’est pas moins remarquable que ce soit en Orient que l’on ait cherché à légitimer un titre qui était le premier pas vers l’absolutisme religieux. Jean de Constantinople, qui l’avait fait, persista dans ses ambitieuses prétentions, malgré les lettres de saint Grégoire et grâce à l’appui de l’empereur Maurice. Le patriarche d’Alexandrie ne lui ayant pas répondu, Grégoire lui écrivit pour le prier de lui faire connaître son opinion[1].

Sur ces entrefaites, Jean de Constantinople mourut. Grégoire écrivit aussitôt à Cyriaque, successeur de cet évêque, qui lui avait envoyé une lettre de communion. Il le félicite de sa foi, mais il ajoute, au sujet du titre d’universel qu’il avait pris à l’exemple de son prédécesseur :

« Nous aurons véritablement la paix entre nous, lui dit-il[2], si vous renoncez à l’orgueil d’un titre profane, selon

  1. Lettres de saint Grégoire, liv. VI, lettre 60e (édit. bénéd.)
  2. Liv. VII, lettre 4e.