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Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même sont attaqués par l’invention d’un certain mot pompeux et orgueilleux ; que le très pieux seigneur coupe ce mal ; et si le malade veut résister, qu’il l’enlace dans les liens de son autorité impériale. En enchaînant de telles choses, vous donnez de la liberté à la république ; et par des incisions de ce genre, vous diminuez le mal de votre empire.

» Tous ceux qui ont lu l’Évangile savent que le soin de toute l’Église a été confié par le Seigneur lui-même à saint Pierre, premier de tous les apôtres. En effet, il lui a été dit : Pierre, m’aimes-tu ? Pais mes brebis. Il lui a été dit encore : Satan a désiré te cribler comme du blé ; mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; donc, étant converti, affermis tes frères. Il lui a été dit aussi : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ; et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel. Il a donc reçu les clefs du royaume céleste ; le pouvoir de lier et de délier lui a été donné ; on lui a confié le soin de toute l’Église et la primauté, et cependant il ne s’est pas appelé apôtre universel. Or, le très saint homme Jean, mon frère dans le sacerdoce, s’efforce de prendre le titre d’évêque universel. Je suis obligé de m’écrier et de dire : Ô temps ! ô mœurs ! »

Nous ne voulons pas laisser passer ces paroles de saint Grégoire sans en faire ressortir toute l’importance. Ce grand docteur entend, comme on le voit, les textes de l’Évangile relatifs à saint Pierre, dans le sens le plus favorable à cet apôtre. Il exalte Pierre comme ayant la primauté dans le collége apostolique, comme ayant été chargé par le Seigneur lui-même du soin de toute l’Église. Qu’en conclut-il ? Depuis que les papes ont abusé des textes qu’il cite pour s’attribuer dans l’Église une autorité universelle et absolue, on sait comment ils raisonnent. Ils donnent d’abord aux paroles évangéliques le sens le plus large, le plus absolu, et se les