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MARIE-DIDACE

— Une fois, une seule fois, qu’il était de bonne humeur, je lui ai demandé de me dire la vérité.

— Quoi c’est qu’il t’a répondu ?

— Ah ! il a commencé par s’éclater de rire. Puis il a passé sa grande main dans ses cheveux.

— Il me semble de le voir, dit Marie-Amanda. Je le reconnais ben là.

— Puis la tête tout en paillasse, et la voix encore pleine d’éclats de rire, il a dit : « Ah ! les maudites femmes ! Elles sont toutes pareilles, toujours la question à la bouche, toutes ! toutes ! toutes !… depuis… » Il s’est arrêté net comme un homme qui craint d’en avoir trop dit. Et il a ajouté : « Jusqu’à toi. » Là, il m’a regardée d’une curieuse de façon. Il riait plus. La tête renversée, il a commencé à parler sérieusement : « Écoute, la Noire, d’abord tu vas me dire ce que t’appelles la vérité. C’est-il ce que j’ai fait au meilleur de ma connaissance ? Ou ben ce que j’ai pu faire en dehors de ma connaissance ? Ou ben ce que tu voudrais que j’aie fait ? Si tu veux me questionner, questionne. Seulement plains-toi pas de la réponse. » Quoi c’est que tu veux qu’on fasse d’un gars de même ? Il y a qu’à endurer son mal.

— Ou ben à l’éloigner, conclut Marie-Amanda.

— C’est ce qui est arrivé, mais sans le vouloir de ma part.