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Les bras en couronne sur la tête, Phonsine ne dormait pas. Inquiète, elle épiait dans la nuit les moindres bruits de la maison : l’œuvre lente du bois, un bourdonnement d’insecte, la chute d’un tison parmi les cendres. Au dehors, par rafales, les joncs secs craquaient et le serein faisait goutter du toit une eau lourde sur les feuilles tombées. Soudain un bruit — grondement, puis éboulis — couvrit tous les autres. Phonsine poussa son mari.

Allongé sur le dos, droit comme une flèche, Amable continua à dormir, anéanti.

— Amable, t’entends pas ?

Il ronflait, la bouche ouverte.

— Amable ! Le tonnerre gronde au nord !

Amable renifla. Puis, indifférent, la voix enrouée de sommeil, il dit tout bas :

— Laisse-le gronder. Tonnerre… en octobre… présage d’une belle… automne…

— Une belle automne sûrement ! s’impatienta Phonsine. Il mouille à verse presquement à tous les jours.

Mais Amable, face au mur, se rendormait déjà.