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MARIE-DIDACE

— Il est nâvré tout bonnement, répondit l’Acayenne.

L’œil bas sous ses gros sourcils, Didace trouva le tour de sourire. Faisant bâiller la chemise grossière, il frappa sa poitrine velue où saillaient, éparses ou par grappes, des taches de vieillesse :

— La coque est bonne. La coque est encore bonne, monsieur le curé. C’est le deux-temps qui marche p’us.

— Le docteur doit pourtant être à la veille de ressourdre ? questionna Alphonsine, plus pour rassurer son beau-père que par besoin de savoir.

Le curé fit signe aux femmes de se retirer. Il alla fermer la fenêtre.

— Le temps de vous confesser, expliqua-t-il à Didace.

Puis il revint s’asseoir et demanda au malade :

— Avez-vous quelque chose qui vous reproche ?

— Ah ! fit le vieux simplement, je sais pas trop comment j’m’en vas accoster de l’autre bord. J’ai souvent dégraissé mon fusil avant le temps et ça me forçait pas de chasser avec des appelants en tout temps. Seulement… quand la chasse était bonne… et que j’avais des canards de trop… j’en ai ben porté aux Sœurs pour régaler les orphelins…

À peine s’était-il reposé qu’il s’empressa de poursuivre :