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MARIE-DIDACE

À la vérité, Pierre-Côme effleurait d’un regard rapide les titres des nouvelles de guerre : SUS AUX VIEILLES MÉTHODES… GUERRE À OUTRANCE… COMME LLOYD GEORGE… TROP GRAND NOMBRE DE MINISTRES EN ANGLETERRE. Son gros pouce humecté de salive tournait vite les feuilles pour arriver à la cote des denrées. À peine jetait-il un coup d’œil à la liste des morts au champ d’honneur, des blessés, des disparus, des prisonniers de guerre parmi lesquels ne se trouvait aucun des siens.

— La France en regagne-ti ? demanda Didace.

— Des fois elle faiblit. D’autres fois on dirait qu’elle veut prendre de l’avance.

— Ils vont pourtant finir par avoir la paix. Qu’ils doivent donc languir après !

Pierre-Côme se rengorgea pour protester :

— La paix, tu y penses pas ? Aux chantiers, à Sorel, ils viennent d’obtenir un gros contrat, vingt steamboats de cent quatre-vingt quelques pieds de long. Les gros culs-ronds achèvent pas de traverser de l’autre bord. Puis les obus, à c’t’heure ? Joinville dit qu’ils en fabriquent des huit cent mille par semaine, rien que dans le pays. C’est un signe, il me semble.

Didace perça le mobile des paroles de Pierre-Côme :