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MARIE-DIDACE

son mal en patience. Après, quand t’as ton petit dans les bras, tu te rappelles même pas d’avoir souffert le martyre. » Phonsine mordit son poing pour ne pas crier. Dans un moment de répit, elle pria : « Mon Dieu, je vous offre tout, mes épreuves, mes souffrances, ma peine… » Mais le mal recommençait déjà… « ma peine, mes épreuves à venir, pour que l’enfant vive et qu’il ne soit pas infirme. »

Un courage extraordinaire la força à se lever. Son corps moulu n’obéissait plus à sa volonté. Assise sur le rebord du lit, à trois reprises, elle tenta en vain de se mettre debout. Ses jambes lui refusèrent leur aide. Elle glissa à genoux. Elle ne crierait point. D’autres avant elle ont livré le combat, mais ce n’était pas le sien. Mon Dieu ! Des mains de feu la pétrissaient, la poussaient, l’entraînaient ; elles l’abandonnèrent, solitaire, dans la rouge vallée de la maternité. Un cri résonna à travers la maison : le mystère commençait.

L’Acayenne, éveillée en sursaut, accourut en robe de nuit, la natte sur le dos :

— Crie pas de même. Tu vas empêcher les hommes de dormir !

Au cri qui annonçait l’approche d’une vie nouvelle, et auquel il ne pouvait se méprendre, Didace s’était levé, lui aussi, et habillé en hâte. Sans péné-