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Assise près de la table, le coude nu sur le tapis de toile cirée, une femme buvait, nonchalamment, dans la tasse de Phonsine. Se croyant seule, elle déposa la tasse et, d’une cuiller d’étain, en racla le fond, à grands coups circulaires.

— Ma tasse ! pensa Phonsine, les yeux agrandis d’étonnement.

L’étrangère l’aperçut avec Amable, figés, dans l’encadrement de la porte. Elle cessa de boire.

— Je suis la femme au père Didace, leur dit-elle, à l’aise, en souriant. Vous me connaissez pas ? Ils m’appellent l’Acayenne, par mon sobriquet. Pendant un bout de temps, je m’appelais : la veuve Varieur. Mais mon vrai nom, c’est Blanche.

Elle continua, sans les regarder toutefois :

— Vous, vous êtes la bru ? Et vous, le garçon de la maison ?

Ni l’un ni l’autre ne firent mine d’entendre. Malgré eux, ils écoutaient la voix charnelle prolongeant le son comme la laine garde la chaleur. Sur le poêle, de l’eau bouillait, débordait. L’Acayenne se prépara à se lever. De même que si ceci eût exigé