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MARIE-DIDACE

— Laissez-moi souffler encore un peu. Qui sait ? J’vas peut-être aimer mieux un testament ?

Avec la même patience, le notaire élabora un plan de testament. Quand il eut terminé, il dit à Didace :

— Vous n’avez pas pensé à votre enterrement ?

— Ah ! ben, batêche ! Faut-il que je pense à ça par-dessus le marché ? S’ils veulent pas me faire enterrer, ils me saleront.

Le notaire éclata de rire :

— Il y aurait aussi des messes.

— Quoi, des messes ?

— D’ordinaire on en met.

— Si ceux qui restent ont pas le cœur de m’en faire dire, je m’en passerai. Moi, je meurs, c’est ben le moins qu’ils me regrettent. Qu’ils fassent leur part ! Je fais la mienne.

— D’accord ! dit le notaire. Mais vos héritiers, tout en vous regrettant, peuvent bien négliger de vous faire dire des messes. Tandis que si vous en exprimez la volonté dans votre testament, des messes seront chantées pour le repos de votre âme, dans un délai raisonnable… Tenez, j’ai connu des gens… la veuve Caouette, du Marais…

Le notaire énuméra des cas pénibles dont il avait été témoin au cours de sa carrière. Plié en deux, tout pensif, Didace l’écoutait, en regardant la dou-