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Depuis quelque temps, Phonsine languissait. Un matin, à la fin de mars, après une nuit d’insomnie, elle se leva avec l’idée de consulter le médecin, le jour même. Elle s’alarmait, non pas tant de grossir à peine, ce dont elle tirait une satisfaction de vanité, que de ne plus sentir la vie de l’enfant dans son sein. Amable, qui connaissait l’aversion de son père pour la maladie et pour la médecine, hésita avant d’accéder à ce qu’il croyait un caprice de sa femme.

— Ouais… tu choisis mal ton jour, un lundi. Deux voyages coup sur coup. Puis le doux temps a massacré les chemins…

Devant l’hésitation d’Amable, Phonsine suggéra :

— Il y a quelqu’un chez Pierre-Côme qui doit se rendre à Sorel à matin. Je profiterai de l’occasion. Personne pourra trouver à redire de même ?

Vers midi, Amable, à l’insu de l’Acayenne, cherchait un outil dans le grenier quand le heurt d’une porte refermée avec vigueur le fit sursauter. Il re-