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MARIE-DIDACE

— Elle était pas la seule à l’aimer.

Phonsine rougit. Sentant le regard d’Amable s’appesantir sur elle, elle se rendit au poêle pour se donner une contenance.

— Quoi c’est qu’il a, le poêle, à chauffer en démon de même ? Je brûle.

Mais, levant le premier rond, elle vit le feu presque éteint et se pencha vers le bûcher pour en tirer un quartier de bois. Prise de court par sa distraction, elle se retourna carrément vers les autres :

— Non ! Elle était pas la seule à l’aimer !

— Allons ! dit Laure Provençal qui jugea bon d’en finir, en secouant les brins de fils à son tablier, il est temps qu’on s’en aille. On a assez piqué pour cette après-midi.

— Ouais, reprit Didace. Vous me faites l’effet d’avoir piqué en masse.

Puis s’impatientant :

— Ho ! Ho ! Clairez la place. Ôtez le métier dedans nos jambes. Dégréyez ! Vite, qu’on mange !

— On a fini à net vingt-quatre belles pointes, dit avec enthousiasme Lisabel Provençal, qui n’avait rien saisi.

Le soir, Phonsine se remit à harceler Amable pour qu’il obtînt de son père un acte de donation.