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VIII

On était donc en plein été. Un bel été craquant de lumière, à la fin de juillet, je crois. Et c’est alors que mourut Celui des Hauts. On le trouva à l’aube dans un fossé. Il avait dû y tomber le soir, ayant trop bu. Et encore je n’en sais trop rien, car il riait, tout mort qu’il fût, de son bon rire, du rire qu’il avait aux meilleurs jours. De ses neveux à lui, et que personne ne connaissait, s’en vinrent ici pour l’enterrement. Monsieur le Curé se fit tirer l’oreille : point de messe, quelques prières si on voulait, mais c’était tout : Celui des Hauts avait si mal vécu que c’est à peine s’il méritait l’église : « Tous ceux qui ont vécu en chiens… ». La nièce pleurait en nous racontant ça. C’était une grande femme sèche, toute creusée par les rides, et qui semblait faite pour pleurer. L’Homme dit, les foins pressaient pourtant : « Père, j’ai envie d’aller à l’enterrement. Celui des Hauts, nous l’avons bien connu, et bien aimé. J’ai bien envie… »