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PASSAGE DE L’HOMME

main. Et ils avancèrent tous Père qui leur dit : « Mes chers enfants, si vous avez bien réfléchi, et si c’est oui aussi pour votre mère, alors ce sera oui pour moi. »

Celui des Hauts s’en vint vers les deux heures. Il n’avait pas bu ce jour-là, et il ne chanta rien, mais nous parlâmes ensemble des projets de Claire et de l’Homme. Et je compris alors qu’il y aurait devant eux toutes sortes de difficultés, et que ça n’irait sans doute pas tout seul avec la Mère : si elle consentait bien à ne plus aller à la messe, elle ne comprenait pas que le mariage ne se fît point à l’église, elle savait le village contre nous et redoutait quelque nouveau tourment ; et enfin, bien qu’elle crût aux Iles, elle ne voulait pas que Claire partît avec l’Homme, sur les grands chemins, et pour une quête qui n’en finirait pas.

Le soir, pourtant, fut calme et tout heureux. La Mère elle-même ne semblait plus soucieuse : on avait tout l’été devant soi, avant le mariage, et d’ici là, se disait-elle, Claire et l’Homme changeraient d’idée. Et Claire, chaque jour, à partir de ce soir-là, devint plus belle, et je m’étonnais quelquefois de voir ses yeux comme étoilés. Mais je vous parle de Claire comme si vous la connaissiez. Toutes les images qu’on a