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PASSAGE DE L’HOMME

VII

À la fin de cet hiver-là, et avant l’arrivée des malheurs, il y eut pour nous une grande joie : l’Homme dit à Claire toute l’amitié qu’il lui portait. Ils se fiancèrent par un dimanche d’avril, et ce fut quelque chose de beau.

Nous finissions de déjeuner. La porte, je me rappelle, était ouverte sur le jardin. On voyait un pommier en fleurs, et un bourdon allait et venait dans la cuisine et se heurtait parfois aux fenêtres fermées. Il faisait bon, on ne souhaitait rien. C’était un de ces moments, vous avez dû connaître ça, où le monde vous paraît en ordre. L’Homme était assis en face de Claire, comme tous les jours, et moi j’étais auprès de lui, et le Père et la Mère à chaque bout. Le café fumait dans les tasses, on attendait à moitié Celui des Hauts. Il semblait que ç’allait être un dimanche comme tous les dimanches, passé à bavarder et à chanter. Et peut-être aussi qu’après vêpres,