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PASSAGE DE L’HOMME

nous gêner, et la confession, et les prières, et la messe elle-même. Tout de même, on continuait à y aller, par habitude, et pour faire plaisir aux parents, et pour lui faire plaisir aussi à lui, car il avait coutume de dire qu’on ne doit pas changer sa religion, que peut-être il s’était trompé, qu’il ne voulait pas être suivi. Et cette chose-là, qu’il ne voulait pas être suivi, c’est peut-être la chose la plus difficile à croire, mais elle est vraie : il faisait tout pour décourager les autres et pour se présenter lui-même comme le tout pauvre homme qu’il était. Seulement, Monsieur, il existait, et tout ce qui ne se savait pas encore, les hommes, les bêtes, les choses elles-mêmes, tout ça lui courait derrière lui, et ça ne pouvait pas s’empêcher.

Quand il faisait mauvais dehors et que l’Homme voulait bien veiller, la soirée se passait à lire. Du moins pour le Père et pour lui. Nous, on cousait. Le Père lisait dans de gros livres qui racontaient les guerres passées, des livres qui venaient du grand-père ; et le grand-père avait écrit dans la marge des choses à lui, des choses bien drôles parfois, ou émouvantes, et qui étaient sa vie à lui, de l’ancien temps. Une autre fois, je vous montrerai ça. Quant à l’Homme, il lisait sa Bible, une très grosse Bible aux coins cassés