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PASSAGE DE L’HOMME

comme à l’ordinaire. Je récitai l’acte de foi et au moment où le prêtre communia, je portai moi-même à ma bouche l’un des deux petits morceaux de pain. Et alors… Et alors, Monsieur le Curé, ce fut tout comme si j’avais communié, ce fut ce que vous savez et qu’on ne peut pas dire, et je compris tout d’un coup, malgré moi — j’en fus d’abord comme effrayé, — je compris tout d’un coup que Notre-Seigneur n’est pas dans l’hostie, ni dans le petit morceau de pain bénit, mais qu’il est là en nous et autour de nous, et qu’il est nous, et qu’il n’y a qu’à avoir les yeux bien clairs pour Le contempler. »

Le vent soudain poussa la porte. Je ne savais plus où j’étais. Les mots de l’Homme étaient les mots d’une autre langue. Il ne parlait plus même comme au début. Il s’en allait de nous encore, et en même temps, il nous entraînait… Je ne savais plus… et Claire non plus. Elle regardait l’Homme, et son visage était tout plein de lumière. Et la Mère était là, les mains ouvertes. Et le Père avait la tête baissée. Et Monsieur le Curé aussi. Et tout était beau. Inoubliable.

C’est Monsieur le Curé qui nous éveilla. Il dit, et il semblait très sûr de soi :

« Mon bon ami, je ne vous comprends pas bien. Il n’y a qu’une chose importante, une